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Poèmes du Maître Hsu-Yun (Nuage Vide): Série IV

 

Retour au mont Gu et retrouvailles avec Gu Yué, Maître de la Vieille Lune.

Trente ans durant j'ai voyagé.
Je suis enfin de retour en ce village.
Un bâton de bambou pour la marche et me voiçi redevenu
comme j'étais aux lointains printemps passés en cet endroit.
Pendant que monte la fumée envahissante d'une fine brume
et qu'elle enveloppe ce lieu mystique et éthéré,
cerclé tout autour par des palissades de bambou
il prend tout à coup un aspect onirique et étrange.
Comme des amis intimes nous discutons de nos visions,
parlant parlant à travers la nuit baignée de lune,
retraçant les pérégrinations passées
qui nous ont amenées à cette réunion nocturne.

 


Nuit d'automne entre amis,
tout en haut d'un restaurant ( la Maison Cen ).

Il est si bon de contempler les couleurs à ce moment de l'année.
Les voir du haut d'un restaurant c'est encore mieux.
Ouvrir la fenêtre pour jeter un coup d'oeil sur la lune croissante.
Laisser ses inquiétudes se dissoudre dans le thé mijoté.

Nous nous attardons longtemps , assis en paix, chantant pendant le souper.
Les autres clients ont tous quitté.
Il fait froid et nous sommes tous en robes usées jusqu'à la corde,
mais la lampe de la conversation continue de circuler autour du groupe
et on discute un peu trop bravement de l'hiver qui approche.

 


Profondément ému quand je me rappelle mes débuts

Durant plus de soixante ans
j'ai progressé dans cette oeuvre.
Il est temps de me ré-orienter: vers le haut !
M'enligner vers les nuages brillants à la cîme des montanes.

Aucun désir ne résistera à l'épée de mon esprit.
Je mettrai en pièces les Trois Mondes de l' Erreur,
et j'arracherai à mains nues
les mauvaises herbes de mes perceptions.

La vie n'est qu'un océan amer, cependant bois-en à satiété
et tu y découvriras des perles divines.
Sans égard à la distance ni au temps,
anéantis la lune! Elle revient toujours !
Lance ton filet au firmament
Phoénix et Dragon seront tes prises.

Et en tout temps, va donc seul …
[car seule] l'âme solitaire peut recevoir tout ce que lui offre la destinée.


Prose spéciale à la requête du citoyen Ma Guanyuan …

Je ne traîne pas avec moi la guitare du gentleman
et n'ai pas capturé non plus la grue de longévité.
Je suis aussi indistinct que la brume
aussi familier que ces nuées au couchant.
Distrait et banal
Distrait et banal
Que je sois à errer dans les environs du Pic Bilu
ou que je loge à la Cour de Maitreya
Qui a besoin de sept cent vies ?
Qui a besoin d'être l'invité d'un immortel ?

On a beau mesurer la capacité d'un volume
ou capturer le vent
mais les tourments du moine ascétique eux, dépassent la pensée.
On peut déplacer toute une montagne ou rapetisser une vaste distance
mais personne ne peut sonder les abîmes du vide spirituel.
Dans l'intervalle d'une unique pensée
on peut accélérer ou immobiliser des millénaires, cependant,
même la distance que la lumière parcoure en ces millénaires,
n'est rien à comparer au saut que doit effectuer ce moine.

J'aurais pu aussi bien être capitaine au long cours
ayant parcouru toutes les mers,
que simple laboureur, ou un porteur d'eau avec sa longue perche ?
Et si j'étais né noble et prospère ?
Shakya l'a été lui, mais il a rejetté tout ça,
et j,en ferais autant. Ah ah

Alors, je ne traîne pas avec moi la guitare du gentleman
et n'ai pas capturé non plus la grue de longévité.
Je vais mon chemin, distrait et banal,
aussi opaque que la brume et ces nuées au couchant.

 


À Mr. HE jingtan, citoyen de grande compassion

Jadis, il mérita sa réputation
et lutta pour ses privilèges dans la société,
pendant que les Chu et les Han se pourchassaient
les uns les autres jusqu'aux portes de Qin.

Cependant, au cours d'une courte sieste,
à peine le temps qu'il faut pour cuire du millet,
au cours d'un rêve bref, il pénétra cet innacessible royaume de vacuité.

Ce héros qui a résolu l'énigme universelle,
cet homme qui dors aussi bien sur les plumes que sur l'herbe,
qui s'arrange toujours avec les événements,
sans même prendre le temps de peser ses priorités.

C'est avec les mains vides
qu'il contrôle le yin et le yang momentanés.

Tellement difficile pour le Buddha de nous sauver !
Milles fois nous prenons le mauvais tournant.

Que ceux qui recherchent vraiment la libération
prennent rapidement avantage de leur temps.

Comme un lune blanche, les mots du Buddha
éclairent ce chemin qui sans eux serait obscur.

La cloche du Temple éveillera les âmes sincères et assoupies.
Dong dong … encore et encore elle appelle.

Songez à cette chance qui nous est offerte :
nés comme êtres humains, puissants et intelligents !

Mais avec nos esprits tordus de misère,
nous désespérons d'échapper à nous mêmes.

J'ai assimilé les enseignements du Dharma
et j'ai enfouis ses leçons en mon coeur intétieur,
maintenir leur éclat me protège à demeure.

Je sais, ce qui semble réel, ne provient de nulle part,
ce qui semble disparaître, jamais ne s'en va,
allant et venant, illusions d'arrivées, illusions de départs,
et cette autre illusion, à saveur plus amère encore,
que deux êtres qui s'aiment
ne puissent demeurer ensemble longtemps.


À Mr. Hua Yenjing, Temple de Fenglin, ne pas se fâcher pour un bol de porcelaine brisé.

J'ai un morceau de porcelaine
j'y tien plus que cent millions de yens
Quand je le tiens, son éclat emplit tout l'espace,
quand je le range, il n'en reste plus trace.
La nuit, c'est un lueur au milieu des bouquins,
ouverts ou clos, les bouquins ont cett lumière.

Ma porcelaine ne peut être consumée par le feu dévorant
la crue la plus violente ne peut l,emporter ni la noyer,
le plus rusé voleur ne peut la confisquer
et le plus malicieux spectre ne peut la faire disparaître.

Ma porcelaine est la Perle du Dragon Femelle
elle vaut plus que plusieurs cités de Jade
elle pourrait aussi bien figurer au Hall de Maitreya
ou sur un piédestal devant la Pagode de Duobao.

Intérieurement à mon bol de porcelaine, il y a une lumière éblouissante
extrérieurement, juste le lustre d'une lune claire.
Ni plus ni moins que la célèbre Perle de Mani,
son éclat peut filtrer par une fissure et emplir le Royaume du Vide.

Il y a trop de détails à vous expliquer.
Si le plateau déborde, comment le transporter ?
J'ai tenté de vous diriger, du mieux que j'ai pu.
Lorsque vous aurez saisis tout cela par vous-même,
vous saurez ce que je veux dire.


Les années, les mois, les jours et les heures.

Une année, et puis encore une autre …
et les apparences se modifient graduellement.
La moelle des os qui s'assèche,
les sourcils qui s'amincissent jusqu'à ne plus paraître.

Ce corps à durée de vie limitée,
il ressemble à un monceau de purin dans ce Triple Monde.
Terre, air, feu et eau qui se mélangent et se transforment,
voilà tout ce que nous laissent percevoir nos émotions.
Et ce spectacle souille notre vision des Cieux.

Un mois, et puis encore un autre …
le lumineux et l'obscur sont passés comme de la neige fondante.
Aucune part n'a pu être conservée longtemps.
Il n'y a que le Dharma qui ne vient ni ne part.

 
Soudainement le bol vernis se brise.
Vous êtes comme le Dragon Céleste - né pour vivre la liberté.
Le caillou ne peut pas se retrouver dans un nid des grues.
Le minuscule oiseau jiaoliao lui, doit rester auprès des étangs à moustiques.

Un jour, et puis encore un autre …
Ils ne se fatiguent jamais de passer.
Laisses tomber tes préjugés à propos de tout et de rien.
En fin du compte tout se révèle insusbtantiel.

Toutes choses sous le soleil terminent leur course et se dissolvent.
Le peu de temps qu'il te reste, passes-le donc dans une honnête simplicité.
Un seule inspiration de l' Éternel t'introduit dans la Grande Salle.

Une heure, et puis encore une autre …
elles cheminent inexorablement, pas à pas.
Chaque fois que je te rencontre, nous échangeons un sourire.
Qui est-il donc celui-là qui traîne ton corps partout?

Ferme et inchangé, toujours attentif à ceçi ou à cela.
Tu est jeune et robuste. Exerces-toi !
N'attends pas … oh je t'en prie, n'attends pas
que tu sois beaucoup trop vieux et trop faible.


À Madame Révérend Qing : pour décliner sa demande à ce que je revienne pour les funérailles de ma femme et de ma mère.

J'ai été moine cinquante années
Mon corps est tout recourbé
et ce teint blême démontre que la fumée âcre [ de l'encens ]
est depuis longtemps mon seul compagnon.

Tout change. Les êtres arrivent et puis repartent.
Même les montagnes ne restent pas inchangées.
Ici, des arbres à baies avaient jadis coutume de pousser,
de nos jours, leur feuillage vert sombre ne se voit plus.

Si nous n'y prenons garde, les blessures s'accumulent en nos coeurs.
Buddha nous a enseigné le Chan, la voie du vide,
l'art de garder les choses fraîches et sans taches.
Mon esprit est installé seul dans la contemplation.

Un demi siècle durant, l'histoire a poursuivi sa tourmente.
Reprends-lui le temps qu'elle t'a volé.
Les chemins de ce monde ne mènent pas
au Royaume de la Paix.

Ne fais pas de distinctions - ce qui est à moi, ce qui est à toi
ne divise pas les choses - ce que tu as, ce que tu n'as pas

 


Un chant diversifié

Quel bénéfice y-a-t-il à parler du futur ou du passé ?,br> Je ne puis changer ce qui est immuable.
Quelle différence entre quitter la maison
ou venir vivre ici au monastère ?

Où peux-tu aller que tu ne puisses plus voir la lune ?
Où peux-tu aller que tu ne puisses trouver des fleurs ?
Là où il y a le ciel, il y a aussi la lune.
Là où il y a la terre, il pousse aussi des fleurs.

Apporte ta guitare. Compose tes propres chants.
Tu n'as pas à étudier la musique des autres.
Guide tes pieds jusqu'à ce qu'ils avancent en cadence
avec rien de moins que le glorieux boeuf blanc sacré.

Débarasses-toi de ton fardeau. Laisse échapper les outils de tes mains.
Médite avec passion. Et alors, au moment où tu voudras te reposer,
la fleur de Lotus s' ouvrira
et tu seras assis sur le précieux trone.


Réponse à un poème de Liao Zho du Mont Wei

Nous errons dans l'illusion, le Monde des Souillures.
Nous sommes comme cet homme qui grimpait à l'arbre
pour attraper une carpe qui nage.
Nous roulons dans la poussière insignifiante,
emportés là ouù le vent nous mène.
Alors, soudainement, un bain est prparé pour nous !
Nous seront lavés dans leaux de Caoxi !

 

 

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Last modified: July 11, 2004
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